vendredi 30 août 2013

Vendredi 30 Août 2013. Et oui, dernier mail en direct de la gare Montparnasse où j'attends mon train pour rentrer à Toulouse. Les derniers jours se sont passés dans la maison de Moni. Rien d'exceptionnel ne s'y est produit, et pourtant ce fut très agréable et intéressant. Je ne me lasse pas d'observer la vie quotidienne de sa famille et des gens dans son village. C'est toujours pour moi une source d'étonnement, même si ça fait maintenant six ans que je suis immergé dans cette vie cambodgienne. Je l'ai dit plusieurs fois: je ne comprends pas tout ce qui se passe et tout ce qu'ils pensent, je pense que je ne comprendrai jamais tout, mais ça ne me gêne pas, au contraire ça m'intrigue et ça me plaît d'être ainsi un peu perdu et déboussolé. Ça me permet, entre autre, de relativiser beaucoup de choses, d'être peut-être plus philosophe et de profiter davantage de petits bonheurs que l'on néglige trop souvent. Seul fait vraiment notable de ces derniers jours: j'ai acheté deux vaches pour Moni. Ce n'est peut-être pas très poétique ou romantique, mais c'est très efficace et productif! Et pour finir, deux jours à Phnom Penh, avant mon départ, avec quelques achats au marché (psar O'russey pour les connaisseurs). La ville est redevenue calme après les élections, mais ça ne va pas durer car lundi l'opposition organise une grande manifestation, normalement non-violente: c'est sûr qu'elle sera très massive mais moins sûr qu'elle soit non-violente, car Sam Rainsy et de très nombreux cambodgiens de tous âges et de tous niveaux sociaux estiment que Hun Sen leur a volé leur victoire aux élections en truquant les résultats et les votes (situation extrêmement banale dans de très nombreux pays). C'est donc ainsi que se termine ce neuvième séjour dans mon autre pays. Je vous souhaite une bonne reprise, même aux chanceux retraités, et vous donne rendez-vous l'année prochaine pour la dixième saison de votre feuilleton estival et exotique. Votre fidèle reporter, François-Sochetra.

vendredi 16 août 2013

Vendredi 16 Août 2013. Oui, vous aimez ça! Alors: une photo avec les parents de Bunheng dans une pagode avec des enfants prêts à faire un spectacle, une photo avec Moni, son bébé et des étudiants lors de mon anniversaire, une photo du groupe de parents de Moni avec Pheng, sa femme et son fils, et des étudiants, lors de la visite de la "petite" montagne Phnom Bokor. Bises depuis la maison de Moni, François.

mardi 13 août 2013

Mardi 13 Août 2013. Hello everybody, sok sabay te? C'est depuis la maison de Pheng, en plein milieu des rizières, que je vous écris ce sixième épisode. Je suis revenu de Phnom Penh il y a six jours: en ce moment, quelques chars et autres véhicules militaires sont dispersés dans la ville, pour intimider la population qui risque de manifester très massivement car les résultats officiels des élections législatives donnent (évidemment) le parti au pouvoir gagnant, et l'opposition de Sam Rainsy déclare aussi avoir gagné. Le recours à l'ONU comme arbitre étant refusé par Hun Sen, une manifestation très populaire (et à très hauts risques) semble être la prochaine étape. Encore une affaire à suivre. Vous voulez un autre exemple de ce qu'est réellement la vie au Cambodge? Et sûrement aussi dans une grande majorité des pays dans le monde? Sok, le plus jeune frère de Pheng, âgé d'environ 15 ans, a été accusé à tort d'avoir volé et revendu une moto (alors qu'il ne volerait même pas 1 dollar à une personne très riche). L'accusateur savait évidemment que c'était faux, mais il a choisi Sok car son père est un homme plutôt inculte qui ne sait pas se défendre et qui est facilement impressionable. Sok s'est retrouvé menotté au poste de police, avec bien sûr la complicité des policiers, et son père a dû payer 500 dollars pour le libérer: et comme son père est très pauvre, un policier a même eu la "gentillesse " de le transporter en moto pour faire le tour de ses connaissances pour emprunter cette grosse somme! Depuis, il a remboursé cette somme en vendant (pas chers car dans l'urgence) quelques animaux. Et il avait tellement honte de cette histoire (en plus d'être victime) qu'il n'a raconté tout ça à son fils Pheng que plusieurs mois plus tard. Cambodge, appelé "Pays du sourire" mais aussi "Kingdom of wonders", Royaume des merveilles, ou plutôt des étonnements.... Autre chose, plus sympathique. A Phnom Penh, j'ai organisé une rencontre avec les nouveaux étudiants khmers qui vont passer un an ou deux à Toulouse: ils sont encore plus nombreux que l'année dernière, ils sont treize! Ma voiture va vraiment être trop petite! Ils arrivent entre le 27 août et le 10 septembre, de manière échelonnée: c'est mieux, je pourrai ainsi aller les récupérer à l'aéroport (sauf les premiers qui arrivent avant moi). Comme l'année dernière, ce sont des jeunes, entre 21 et 25 ans, qui sortent pour la première fois de leur pays (et de leurs familles! ). Je leur ai fourni des documents concernant Toulouse (plans du métro, du réseau de bus, du campus de l'université Paul Sabatier, de la navette de l'aéroport, et même un guide touristique très complet sur Toulouse et les environs) et j'ai essayé de calmer leurs inquiétudes, pour ne pas dire leurs peurs devant ce grand saut dans l'inconnu. J'aurais aimé rencontrer aussi leurs familles, encore plus angoissées qu'eux, pour les rassurer, mais ça ne s'est pas fait: j'ai juste rencontré par hasard une mère dans Phnom Penh qui a été ravie de faire ma connaissance et qui m'a remercié mille fois! Voici donc les événements de ces derniers jours. Ici, chez Pheng, lecture, balades, repos en regardant les gens travailler dans toutes les rizières qui entourent la maison (même les enfants, dès l'âge de 10 ans, sont mis à contribution, mais je vous rassure, eux aussi sont payés!...). Dans cette maison aussi, il y a maintenant l'électricité et des toilettes: ça change vraiment la vie. Et je leur ai fait découvrir le cuiseur de riz électrique et la bouilloire électrique: ça aussi, ça change leur vie! Sur ces paroles progressistes, je vous donne rendez-vous pour un prochain épisode, Bises même pas caniculaires, François.

jeudi 1 août 2013

Jeudi 1er Août 2013. Bonjour fidèles de l'été, Alors, ces élections législatives? Comme d'habitude, truquées et capables de mettre le feu aux poudres. Jusqu'à présent, le parti au pouvoir (le PPC de Hun Sen) dominait largement l'assemblée nationale avec 90 sièges sur 123. Et bien, malgré les nombreuses fraudes constatées, il se retrouve maintenant avec seulement 68 sièges et le principal parti d'opposition (le CNRP de Sam Rainsy) a obtenu 55 sièges! C'est déjà une belle victoire pour l'opposition et pour le Cambodge en général. Mais évidemment Sam Rainsy va essayer de tout faire pour rétablir la vérité et, s'il y arrive, gagner ces élections et prendre la place de l'inamovible Hun Sen! L'enjeu est donc extrêmement important et crucial pour les deux adversaires. Et le climat à Phnom Penh est plutôt tendu: pour l'instant, c'est assez calme (juste deux voitures de police qui ont été brûlées ...) mais certaines personnes ont déjà quitté la ville pour rejoindre leurs familles dans les campagnes (votre courageux reporter est encore à Phnom Penh, jusqu'à dimanche, je vous dirai pourquoi une autre fois). C'est calme parce que Sam Rainsy n'appelle pas à manifester: s'il le fait, des centaines de milliers de personnes défileront dans les rues et la situation dégénérera très vite! Pour l'instant, il parlemente avec Hun Sen et les nombreuses organisations cambodgiennes et étrangères qui ont été observateurs de ces élections: il a juste proclamé qu'il avait gagné les élections, ce qui est déjà une déclaration de guerre ... Donc, affaire à suivre et, peut-être, affaires à préparer subitement pour me réfugier au milieu des rizières de Kampot! Autre sujet. Les parents de Bunheng chez qui j'habite sont vendeurs de durians, le fameux fruit qui pue vraiment (et qui coûte cher) mais que maintenant j' apprécie beaucoup, après plusieurs années d'entraînement. Ils le vendent environ 1,4 € le kilo et ils en vendent jusqu'à 10 tonnes: donc ça fait 14 000 € de chiffre d'affaires! Oui mais, vous allez me dire, en combien de temps vendent-ils ces 10 tonnes? Et bien, ils vendent ces 10 tonnes en (accrochez vous ....) un jour! Oui, un jour! Bon, d'accord, parfois ils n'en vendent que 5 ou 6 tonnes. En fait, le père passe la semaine à Koh Kong, à la frontière thaïlandaise, pour acheter des fruits thaïs, expédie chaque jour un camion au marché où la mère travaille (voir photo) et où elle vend les fruits en gros à des vendeurs qui les revendront à l'unité. Je ne sais pas combien le père les achète, mais je pense qu'ils font au-moins 16 centimes de bénéfice par kilo, soit 1600 € de bénéfice brut par jour (il faut enlever les frais et les salaires des employés, mais ils sont sûrement peu élevés). Je n'ose même pas calculer quel salaire mensuel la famille a! Mais ça ne leur monte pas à la tête, toute la famille de Bunheng est simple et très sympathique. Son père a commencé à travailler en étant conducteur de petit ferry en bois permettant de traverser le Mekong et comme moto-taxi, et sa mère en vendant quelques fruits sur un tout petit marché, aidée de ses enfants. Et il n'y a que trois ans qu'ils habitent dans ce bel immeuble. Un jour, je les ai aidés dans leur travail, en comptant les billets de banque qui formaient un énorme tas au sol, au milieu du salon: recette de la journée en coupures ne dépassant pas souvent 1 €! Et c'est sur ces images dignes d' Oncle Picsou que je vous donne rendez-vous pour un prochain épisode. Bises à peine pluvieuses et non caniculaires, François.